vendredi 29 décembre 2017

Seul


En ces périodes de fête, comme pendant les grandes vacances et en pic de canicule, les médias affichent une sollicitude particulière à l’égard des personnes seules, isolées, sans famille, en état de « mort sociale ». Rendez-leur visite, consacrez-leur un peu de votre temps, partagez avec eux un moment convivial, etc. Et surtout, foutez-leur la paix. Ils sont fatigués qu’on s’intéresse à eux.

« Mort sociale », je ne connaissais pas l’expression, qui me paraît inventée par un technologue en mal de bons mots. Mais comment appelle-t-on cette pathologie de la connexion, cette dépendance aux alertes et notifications, cet étranglement par le nœud coulant des réseaux de conversation : « vie sociale », peut-être ?

« Enfin ! seul ! […] Enfin ! il m’est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres ! D’abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde » (Charles Baudelaire, « À une heure du matin », Le Spleen de Paris).

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